S’il y a bien une chose qui fascine les voyageurs et les observateurs du Japon, c’est la profondeur et la variété de ses pratiques religieuses. Que ce soit par le shintoïsme, le bouddhisme ou encore le christianisme, la spiritualité est un élément essentiel de la culture japonaise et façonne de manière significative ses traditions et son mode de vie. Examinons de plus près la place et l’influence de ces trois grandes religions au Japon.
La religion dominante au Japon est indéniablement le Shintoïsme. Autrement appelé « la voie des dieux, » cette religion au Japon est en fait plus qu’une simple religion. Il s’agit d’un système de croyances et de pratiques spirituelles profondément enraciné dans la culture et l’histoire du pays.
En effet, le shintoïsme, dont les racines se perdent dans la brume des temps, est la plus ancienne forme de spiritualité au Japon. Dû à son ancienneté, à la différence de nombreuses religions, telle que le christianisme, le shintoïsme n’a pas de texte sacré. Cette foi ancestrale est principalement fondée sur le respect et la vénération des Kami – 神, des divinités ou esprits présents dans pratiquement toute la nature.
Être shintoïste, ne signifie donc pas croire en un dieu particulier, mais plutôt accorder un respect et une vénération à de multiples divinités ou esprits, appelés « Kami ». Ces Kami sont omniprésents et sont des esprits divins ou force de la nature. Ils peuvent symboliser à peu près tout – des éléments naturels comme les rivières ou les montagnes, à des concepts plus abstraits tels que la chance ou le savoir.
En accord avec cette croyance, les Japonais respectent la nature, ses forces et ses événements naturels à travers leur dévotion envers les Kami.
Au Japon, de nombreux petits sanctuaires peuvent être trouvés presque à chaque coin de rue, témoins de la prévalence du shintoïsme dans la vie de tous les jours. Si l’on se demande si le Japon est un pays religieux, alors oui, dans une large mesure, c’est le cas, avec une majorité de la population japonaise adhérant à cette tradition.
Le shintoïsme est donc souvent considéré comme la religion majoritaire au Japon car même si tous les Japonais ne se déclarent pas explicitement shintoïstes, la plupart des foyers et des entreprises ont des autels shintoïstes et c’est également à cette religion que sont associées les grandes célébrations de la vie telles que les naissances, les mariages ou encore le rituel de passage à l’âge adulte.
Mais pour la majorité des Japonais, le shintoïsme n’est pas tant une religion qu’un prolongement de leurs rituels et cultes ancestraux.
Originaire d’Inde et apporté au Japon par les influence chinoises et coréennes entre le Vème et le VIème siècle, le bouddhisme détient également une place importante dans le panorama religieux japonais. Bien qu’il soit différent du shintoïsme à bien des égards, les deux religions ont tissé des liens étroits au fil des siècles et se sont mutuellement influencées.
Quelle religion au Japon est pratiquée lors des obsèques ou des rites funéraires ? C’est le bouddhisme qui est prédominant pour ces rituels. En effet, cette religion mettant l’accent sur la vie après la mort afin de trouver la sérénité dans leur vie future, cet aspect de cette religion s’est fortement associé aux rituels funéraires japonais.
Ces événements sont l’occasion pour de nombreux Japonais de témoigner leur respect pour les ancêtres défunts et de chercher le réconfort dans ces moments difficiles.
Par ailleurs, le bouddhisme a aussi profondément influencé l’art et la philosophie japonaise, contribuant à forger une perception du monde qui valorise la tempérance, l’équilibre et l’harmonie avec la nature. C’est ainsi que les jardins Zen et l’Ikebana ont vu le jour au Japon.
Par rapport à ses voisins shintoïsme et bouddhisme, le christianisme occupe une place beaucoup plus modeste dans la mosaïque religieuse japonaise. Introduit au Japon par les missionnaires catholiques portugais et espagnols dès 1549, le christianisme compte encore aujourd’hui près de 2 millions de croyants sur le territoire japonais, toutes branches confondues. Le pourcentage de la population pratiquant la religion catholique au Japon est d’environ 0,5%.
Si le christianisme est si peu répandu au Japon aujourd’hui, c’est en partie parce qu’après son arrivé dans l’archipel au milieu du XVIe siècle grâce à l’évangélisation des missionnaires catholiques portugais et espagnols, le christianisme a rapidement fait face à des politiques de persécution.
En effet, durant l’ère du shogunat Tokugawa, le christianisme a été perçu comme une menace politique et a été interdit sur l’ensemble du territoire national. Les missionnaires européens ont été expulsés du pays, et les chrétiens japonais ont été contraints de cacher leur religion sous peine de tortures et de peines capitales. Cette situation a duré jusqu’à la fin du XIXe siècle.
Il a fallu attendre l’ère Meiji pour que le christianisme soit officiellement reconnu et autorisé.
Malgré sa moindre popularité, le christianisme a exercé une influence culturelle non négligeable au Japon au fil des siècles, notamment à travers son impact sur l’éducation et l’art. De plus, certaines festivités chrétiennes, tels que les décorations de Noël ou encore les mariages à l’occidentale, sont devenus populaires même parmi les non-chrétiens, reflétant une curiosité et un attrait pour les pratiques étrangères.
Si l’on s’intéresse à comment prier au Japon, on découvre que chaque religion a ses propres rituels.
Pour les shintoïstes, la prière prend souvent la forme d’offrandes aux Kami et de rituels de purification dans les sanctuaires. De plus, il y a une façon de prier bien précise dans les sanctuaires shinto : Après s’être préalablement purifié les mains et une fois devant le « Saisenbako » (boîte à offrande) on donne une offrande (très souvent une pièce de 5 yens), on fait sonner une cloche, on s’incline 2 fois, on frappe 2 fois dans ses mains (pour signaler notre présence à la divinité locale), on prie avec les mains jointes et on s’incline une dernière fois avant de partir.
Les bouddhistes, de leur côté, recourent à la méditation et à la récitation de sutras pour se rapprocher du Bouddha et peuvent souvent impliquer des rituels spécifiques, tels que l’utilisation de perles de prière ou de cérémonies d’encens.
En revanche, les prières chrétiennes sont généralement plus centrées sur la louange, la repentance et la demande d’intercession ou d’aide à Dieu.
Après avoir exploré en détail les diverses traditions religieuses au Japon, vous êtes peut-être curieux de découvrir comment la méditation et la prière se différencient.
En conclusion, la religion au Japon est une mosaïque complexe et variée. Et il est important de souligner que les frontières entre les différentes religions ne sont pas toujours rigides. De nombreux Japonais choisissent de suivre une approche éclectique, participant à des rituels religieux divers en fonction des circonstances, sans se considérer pour autant comme strictement shintoïstes, bouddhistes ou chrétiens. Cette flexibilité religieuse, qui met l’accent sur la pratique plutôt que sur la croyance, reflète une conception très japonaise de la spiritualité.
Cet entrelacement et ambiguïté entre religion et traditions se perçoivent d’autant plus que de nombreux Japonais ne se proclament pas comme croyant, mais pratiques toute de même certaines traditions et coutumes qui sont pourtant liées à la religion. Tel que l’achat et l’utilisation de Omamori, cet objet traditionnel japonais qui n’est autre qu’une amulette porte-bonheur rempli d’un petit talisman ou d’un petit papier sur lequel est écrit une prière.